Monsieur le Président du Comité
technique,
Après les annonces du Président lors des
séances du Conseil départemental de juin et septembre dernier sur la mise en
place d’un plan social de 175 postes, (non compris les 32 postes des 2 années antérieures,
c’est donc bien 207 postes supprimés…), ce comité technique ne peut pas se
dérouler normalement alors que vous annoncez que « la gestion des effectifs et la
maîtrise de la masse salariale seront régulièrement évaluées et feront l’objet
d’ajustement chaque fois que nécessaire ». Nous comprenons donc
clairement que la suppression de ces 207 postes n’est qu’un début. Est-ce aujourd’hui
cette seule perspective que vous proposez aux agents de la collectivité ?
C’est la première fois dans son histoire
que notre collectivité vit des coupes budgétaires aussi brutales avec son lot
de conséquences humaines.
Ces premières mesures vont d’abord dégrader
le service rendu aux morbihannais ou alors, contrairement à l’objectif affiché,
il leurs coûtera plus cher. Parmi de nombreux exemples, citons le nouveau
marché confié au privé pour l’entretien de la cale de Quiberon qui vient
illustrer parfaitement le fait que les externalisations des missions de service
public sont plus onéreuses pour le contribuable.
Si les morbihannais vont être touchés,
les conditions de travail du personnel départemental vont continuer à se
dégrader avec une charge de travail en forte augmentation. Ce n’est pas nous,
organisations syndicales, qui le disons mais le Président, qui reconnait, en
annonçant «qu’il va falloir améliorer la productivité des agents», le
personnel appréciera… Traduction : comme il y a des suppressions de
postes, les autres agents doivent travailler davantage, avec moins de moyens
pour assurer le même niveau de service…et cela dans un contexte d’éloignement des
personnels de la population avec la programmation de la fin du service public
de proximité. Est-il besoin de rappeler au Président une loi mathématique ?
Moins plus moins n’a jamais fait plus !
Vous conviendrez Monsieur le Président,
que c’est à désespérer si les politiques sont réduits à être des gestionnaires
ou des comptables ! Ceux-là même à qui l’on confie l’avenir de nos enfants
et qui ne sont pas en capacité de nous proposer autres choses que des
régressions sociales, des baisses d’effectifs, la casse du service public et le
chômage. Ce n’est donc pas une question « mathématique » comme le Président a pu le dire, mais au
contraire une question éminemment politique !
Nous pourrions d’abord évoquer les choix
politiques du Département dans ce contexte budgétaire dit « contraint »
et qui font du personnel et des allocataires du RSA la variable d’ajustement du
budget.
Nous pourrions ensuite tirer le fil et aborder
la question de l’origine de ces politiques d’austérité. La crise de la dette
publique est essentiellement une crise de la recette et non de la dépense
publique dans laquelle les acteurs privés, les banques et les bénéficiaires de
la rente que constituent les intérêts de la dette, ont une part de
responsabilité essentielle.
C’est de tout cela dont il est question
lorsque la Direction des ressources humaines de notre collectivité convoque les
cadres un par un pour, soit qu’ils lui fournissent une liste de postes à
supprimer, ou bien qu’ils développent des théories et indicateurs ayant pour
seul objet de démontrer aux agents qu’ils sont trop nombreux et qu’ils
travaillent trop en proximité des citoyens, déclenchant ainsi la course à
l’échalote de celui qui aura la meilleure idée. Cette méthode est appelée
pudiquement et dans une langue de bois issue des meilleures écoles de
management : « le dialogue de gestion ».
Que les cadres soient évalués sur cet
objectif est véritablement pathogène. Nous savons que de plus en plus de nos
collègues cadres sont en totale contradiction entre ce qu’il leur est demandé
et leur éthique personnelle. S’il n’y a pas une inflexion rapide, le malaise
des agents ne peut que s’accentuer dans cette collectivité.
Mais nous sommes sommés de croire à la
grande humanité de la collectivité car le service prévention santé au travail
est là comme un air bag pour amortir la casse humaine de cette politique
d’austérité. Ce qui permet de donner bonne conscience à ceux qui l’applique et
à se couvrir juridiquement. Est-il besoin de rappeler que la première mission
de ce service est la prévention des risques, y compris ceux provoqués par ces
politiques pathogènes ? Attribuer cette mission d’infirmerie aux collègues
de ce service, c’est les mettre eux-mêmes en danger…
Dans ce contexte, il ne reste plus pour
la collectivité à multiplier les actions vers les cadres pour les mettre
au pas : formation pour apprendre à annoncer les mauvaises nouvelles, séminaire
demandant implicitement loyauté et obéissance. Les têtes ne doivent pas
dépassées et tout le monde est sommé de se ranger derrière un seul homme. Le
néologisme austéritaire est tout à fait d’actualité…
Malgré tous ses efforts, la collectivité
ne pourra pas changer la conscience professionnelle de ses agents. Car les
cadres savent, comme tous les autres agents que leur honneur, pour reprendre
les termes du Président, c’est de défendre le service public et les moyens
humains et matériels pour que les missions soient remplies dans les meilleures conditions.
Nous exprimons ici tout haut ce qui se murmure de plus en plus chez l’ensemble
du personnel, y compris chez les cadres.
Autre sujet, Monsieur Le Président, nous
avons dernièrement interpellé le Président du Conseil départemental sur des
méthodes de management inédites dans le cadre de procédures de sanction
disciplinaire. A défaut de nous recevoir, le Président nous a adressé dernièrement
une lettre.
Nous vous demandons de lui faire savoir que
l’intersyndicale FO-CFDT-CGT lui répondra par courrier avant la fin de ce
trimestre, de façon précise, circonstanciée et factuelle.
Pour finir Monsieur le Président,
l’intersyndicale FO-CFDT-CGT a choisi de participer aux instances paritaires,
alors que les derniers comités n’ont été malheureusement que des chambres
d’enregistrement, puisque les décisions étaient déjà toutes mises en
application ou en cours. Il est regrettable que la négociation sociale soit
malheureusement mise à mal au conseil départemental du Morbihan, pour preuve
l’éviction des représentants des personnels dans les réflexions sur les
réorganisations des services, comme il est regrettable l’éviction des élus dans
les comités techniques, et le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions
de travail.
Cependant, nous voulons vous rappeler
que la porte des organisations syndicales est ouverte à la négociation. Nous
demandons une chose simple : une réelle prise en compte de nos arguments
dans les prises de décision de l’administration et ne pas être considérés comme
des relayeurs auprès du personnel des décisions de casse des services. A ce
sujet, nous suggérons à l’administration d’informer précisément les agents sur
le nombre de postes supprimés dans le Ty Morbihan, bulletin d’information du
personnel. Il nous semble qu’il sert à cela…
La négociation est aujourd’hui
inéluctable car au-delà des aspects techniques que va aborder cette instance,
c’est avant tout de l’humain dont il est question, nous avons donc tous la
responsabilité et le devoir moral de penser ce que nous sommes en train de
faire et d’avoir une attitude réflexive sur le sens de notre action.
L’intersyndicale
FO-CFDT-CGT
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