FO Conseil Général du Morbihan

FO Conseil Général du Morbihan
LA FORCE DE L'INDEPENDANCE

lundi 19 octobre 2015

Comité technique du lundi 12 octobre 2015 : Déclaration intersyndicale



Monsieur le Président du Comité technique,

Après les annonces du Président lors des séances du Conseil départemental de juin et septembre dernier sur la mise en place d’un plan social de 175 postes, (non compris les 32 postes des 2 années antérieures, c’est donc bien 207 postes supprimés…), ce comité technique ne peut pas se dérouler normalement alors que vous annoncez que « la gestion des effectifs et la maîtrise de la masse salariale seront régulièrement évaluées et feront l’objet d’ajustement chaque fois que nécessaire ». Nous comprenons donc clairement que la suppression de ces 207 postes n’est qu’un début. Est-ce aujourd’hui cette seule perspective que vous proposez aux agents de la collectivité ?


C’est la première fois dans son histoire que notre collectivité vit des coupes budgétaires aussi brutales avec son lot de conséquences humaines.

Ces premières mesures vont d’abord dégrader le service rendu aux morbihannais ou alors, contrairement à l’objectif affiché, il leurs coûtera plus cher. Parmi de nombreux exemples, citons le nouveau marché confié au privé pour l’entretien de la cale de Quiberon qui vient illustrer parfaitement le fait que les externalisations des missions de service public sont plus onéreuses pour le contribuable.

Si les morbihannais vont être touchés, les conditions de travail du personnel départemental vont continuer à se dégrader avec une charge de travail en forte augmentation. Ce n’est pas nous, organisations syndicales, qui le disons mais le Président, qui reconnait, en annonçant «qu’il va falloir améliorer la productivité des agents», le personnel appréciera… Traduction : comme il y a des suppressions de postes, les autres agents doivent travailler davantage, avec moins de moyens pour assurer le même niveau de service…et cela dans un contexte d’éloignement des personnels de la population avec la programmation de la fin du service public de proximité. Est-il besoin de rappeler au Président une loi mathématique ? Moins plus moins n’a jamais fait plus !


Vous conviendrez Monsieur le Président, que c’est à désespérer si les politiques sont réduits à être des gestionnaires ou des comptables ! Ceux-là même à qui l’on confie l’avenir de nos enfants et qui ne sont pas en capacité de nous proposer autres choses que des régressions sociales, des baisses d’effectifs, la casse du service public et le chômage. Ce n’est donc pas une question « mathématique » comme le Président a pu le dire, mais au contraire une question éminemment politique !

Nous pourrions d’abord évoquer les choix politiques du Département dans ce contexte budgétaire dit « contraint » et qui font du personnel et des allocataires du RSA la variable d’ajustement du budget.

Nous pourrions ensuite tirer le fil et aborder la question de l’origine de ces politiques d’austérité. La crise de la dette publique est essentiellement une crise de la recette et non de la dépense publique dans laquelle les acteurs privés, les banques et les bénéficiaires de la rente que constituent les intérêts de la dette, ont une part de responsabilité essentielle.


C’est de tout cela dont il est question lorsque la Direction des ressources humaines de notre collectivité convoque les cadres un par un pour, soit qu’ils lui fournissent une liste de postes à supprimer, ou bien qu’ils développent des théories et indicateurs ayant pour seul objet de démontrer aux agents qu’ils sont trop nombreux et qu’ils travaillent trop en proximité des citoyens, déclenchant ainsi la course à l’échalote de celui qui aura la meilleure idée. Cette méthode est appelée pudiquement et dans une langue de bois issue des meilleures écoles de management : « le dialogue de gestion ».

Que les cadres soient évalués sur cet objectif est véritablement pathogène. Nous savons que de plus en plus de nos collègues cadres sont en totale contradiction entre ce qu’il leur est demandé et leur éthique personnelle. S’il n’y a pas une inflexion rapide, le malaise des agents ne peut que s’accentuer dans cette collectivité.

Mais nous sommes sommés de croire à la grande humanité de la collectivité car le service prévention santé au travail est là comme un air bag pour amortir la casse humaine de cette politique d’austérité. Ce qui permet de donner bonne conscience à ceux qui l’applique et à se couvrir juridiquement. Est-il besoin de rappeler que la première mission de ce service est la prévention des risques, y compris ceux provoqués par ces politiques pathogènes ? Attribuer cette mission d’infirmerie aux collègues de ce service, c’est les mettre eux-mêmes en danger…

Dans ce contexte, il ne reste plus pour la collectivité à multiplier les actions vers les cadres pour les mettre au pas : formation pour apprendre à annoncer les mauvaises nouvelles, séminaire demandant implicitement loyauté et obéissance. Les têtes ne doivent pas dépassées et tout le monde est sommé de se ranger derrière un seul homme. Le néologisme austéritaire est tout à fait d’actualité…

Malgré tous ses efforts, la collectivité ne pourra pas changer la conscience professionnelle de ses agents. Car les cadres savent, comme tous les autres agents que leur honneur, pour reprendre les termes du Président, c’est de défendre le service public et les moyens humains et matériels pour que les missions soient remplies dans les meilleures conditions. Nous exprimons ici tout haut ce qui se murmure de plus en plus chez l’ensemble du personnel, y compris chez les cadres.

Autre sujet, Monsieur Le Président, nous avons dernièrement interpellé le Président du Conseil départemental sur des méthodes de management inédites dans le cadre de procédures de sanction disciplinaire. A défaut de nous recevoir, le Président nous a adressé dernièrement une lettre.

Nous vous demandons de lui faire savoir que l’intersyndicale FO-CFDT-CGT lui répondra par courrier avant la fin de ce trimestre, de façon précise, circonstanciée et factuelle.
Pour finir Monsieur le Président, l’intersyndicale FO-CFDT-CGT a choisi de participer aux instances paritaires, alors que les derniers comités n’ont été malheureusement que des chambres d’enregistrement, puisque les décisions étaient déjà toutes mises en application ou en cours. Il est regrettable que la négociation sociale soit malheureusement mise à mal au conseil départemental du Morbihan, pour preuve l’éviction des représentants des personnels dans les réflexions sur les réorganisations des services, comme il est regrettable l’éviction des élus dans les comités techniques, et le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail.

Cependant, nous voulons vous rappeler que la porte des organisations syndicales est ouverte à la négociation. Nous demandons une chose simple : une réelle prise en compte de nos arguments dans les prises de décision de l’administration et ne pas être considérés comme des relayeurs auprès du personnel des décisions de casse des services. A ce sujet, nous suggérons à l’administration d’informer précisément les agents sur le nombre de postes supprimés dans le Ty Morbihan, bulletin d’information du personnel. Il nous semble qu’il sert à cela…

La négociation est aujourd’hui inéluctable car au-delà des aspects techniques que va aborder cette instance, c’est avant tout de l’humain dont il est question, nous avons donc tous la responsabilité et le devoir moral de penser ce que nous sommes en train de faire et d’avoir une attitude réflexive sur le sens de notre action.

L’intersyndicale FO-CFDT-CGT

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire