Si elle voyait le jour, la réforme de la ministre Najat Vallaud-Belkacem ne serait
jamais que la dixième depuis la création du collège unique en 1975.
Une simple réforme de plus ? Pas si sûr…
Pas moins de cinq
syndicats, à commencer par FO, ont appelé à la grève le 19 mai pour obtenir le
retrait du projet de réforme du collège. Qu’entraînerait-elle ?
A l’heure actuelle,
les élèves de 6° n’ont déjà plus que
25 heures d’enseignement disciplinaire (contre 27, 5 en 1972), dont 1
heure et demie seulement en demi-groupes (contre 10 heures en 1972), temps
pourtant précieux pour les travaux pratiques et le soutien.
A ces heures
d’enseignement disciplinaire, s’ajoutent 2 heures « d’accompagnement
personnalisé », jamais aussi peu personnalisé en réalité puisqu’il
s’effectue dans des classes entières de plus en plus surchargées et sans
forcément de lien direct avec les matières
(méthodologie, prise de notes…).
Le projet actuel ne
prévoit plus que 23 heures de cours disciplinaires et 3 heures d’accompagnement
personnalisé pour les 6°. Le volume d’heures d’enseignement disciplinaire
baisserait aussi en 5°, 4° et 3°. L’enseignement des langues diminuerait par
exemple de 108 heures au total sur les quatre années.
Inédit : des programmes variables d’un collège à
l’autre
Par ailleurs,
l’enseignement du grec et du latin en tant qu’options dotées de 2 heures
spécifiques, en plus du reste de l’emploi du temps, serait supprimé. Il devrait
désormais être organisé dans le cadre de l’horaire global, c’est-à-dire au
détriment des autres matières.
Il pourrait aussi
être dilué dans le cadre d’un « enseignement pratique
interdisciplinaire » (EPI) autour d’un des huit thèmes définis par le
ministère : « langues et cultures de l’Antiquité »… à condition
que l’établissement offre cette possibilité.
Pour la première fois
en effet, les programmes de la 5° à la 3° ne seraient plus seulement déterminés
nationalement, mais aussi localement, établissement par établissement. Chaque collège devrait
consacrer 20 % de l’emploi du
temps aux EPI, dont le contenu devrait être déterminé par son conseil d’administration. Certains thèmes
au programme deviendraient facultatifs, au choix du collège, comme en histoire,
celui de l’étude de la « société et des cultures au temps des
Lumières ».
Enfin, le nombre
d’heures consacrées à chaque matière ne serait plus fixé nationalement par
niveau de classe (pour la 5°, la 4°, la 3°) mais modulable sur l’ensemble des
trois années du cycle en fonction de ce que déciderait le conseil
d’administration du collège. Par exemple, certains collèges pourraient proposer
moins d’heures d’histoire en 5° mais se « rattraper » en 4° ou en 3°. Ou l’inverse… Et tant pis pour
ceux qui déménageront en cours de scolarité.
Décryptage : vous avez dit liberté
pédagogique ?
Selon le ministère,
la réforme accroît la liberté pédagogique « donnée aux équipes
éducatives ». Jacques PARIS du syndicat FO des lycées et collèges, explique :
« la liberté pédagogique est une liberté "individuelle" sur la manière
de transmettre les connaissances dans le cadre de programmes nationaux ».
En revanche, la réforme augmente bel et bien le pouvoir des conseils
d’administration présidés par les chefs d’établissement dans lesquels siègent
aussi les représentants des parents d’élèves et les élus locaux et à qui il
reviendra désormais de déterminer une bonne part du contenu des programmes.
Evelyne SALAMERO
force-ouvriere.fr
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